19 Août 2021

[Lanceurs] Vers une filière biométhane en Guyane

Le développement de moyens locaux de production pour alimenter les futurs lanceurs en biométhane prend forme. Objectif : créer un système vertueux d’économie circulaire performant économiquement et à faible impact environnemental.
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Installation de biométhane. Crédits : Naskeo Environnement

Parmi les réflexions en cours pour optimiser les performances économiques et environnementales des futurs lanceurs, la question des ergols est essentielle. Dans cette optique, l’utilisation combinée d’oxygène et de méthane liquide fait partie des solutions les plus prometteuses pour propulser les successeurs d’Ariane 6. C’est la raison pour laquelle le CNES a lancé en 2019 avec différents partenaires un avant-projet pour développer en Guyane une filière de production de biométhane à partir de déchets ménagers et industriels, complétés par des cultures énergétiques (canne énergie et/ou sorgho), cultivées sur des zones non exploitées pour l’alimentation. Cette étude ayant validé la pertinence de ce choix, l’objectif visé est à présent la  construction d’une unité pilote de production de biométhane qui pourrait approvisionner le lanceur THEMIS, démonstrateur d’un premier étage de lanceur réutilisable qui est en cours  développement. 

Ce choix répond à l’objectif de faire une démonstration sur un lanceur de capacité moindre que la future Ariane. Pour atteindre cet objectif proche dans le temps, nous aurons  besoin d’une technologie de méthanisation mature sur laquelle nous avons un  retour d’expérience suffisant nous permettant de maîtriser à la fois le concept et les process.

Pascal Noir, chef de projet à la Direction des Lanceurs

Une nouvelle phase pour affiner le projet

Le projet est entré dans une nouvelle étape d’ingénierie au printemps 2021 afin de consolider les résultats de l’avant-projet. « Cette phase B, qui doit durer un an, permettra d’affiner les circuits d’approvisionnement de déchets et de produits agricoles nécessaires à la production du méthane, de signer des conventions avec des agriculteurs, de définir plus précisément les process et l’installation elle-même », détaille Pascal Noir. Ces prochains mois seront également mis à profit pour déterminer le site le plus approprié à proximité du CSG pour implanter l’usine et réfléchir à son devenir à l’issue du programme de démonstration Themis, par exemple en valorisant le biogaz auprès d’utilisateurs locaux en Guyane. Les premières réponses à ces interrogations interviendront d’ici la fin 2021 et permettront de statuer sur l’acceptation finale du projet lors d’un jalon dédié.

Si cette acceptation est prononcée, ce projet, baptisé BIFROST (Biofuel for Rocket Operations in Space Transportation), sera mené au sein d’une société de projet portée par la nouvelle structure de financement de projets verts Green by CNES. Des partenaires industriels entreront alors au capital de cette société, dont TER’GREEN la société sœur de NASKEO Environnement en charge de la partie exploitation.

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Pascal Noir Crédits : CNES


Le saviez-vous

D’autres sources que les déchets industriels et ménagers et les cultures énergétiques sont à l’étude pour produire du biométhane. La SARA (Société anonyme de la raffinerie des Antilles) a lancé à Mana, au nord de la Guyane, le projet Hydrane, un programme de méthanisation à partir de la jacinthe d’eau, une plante aquatique invasive. Cette technologie en est encore au stade du développement, mais elle pourrait, lorsqu’elle sera arrivée à maturité, constituer une source d’approvisionnement complémentaire en biométhane pour les futurs lanceurs.

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Lanceur - image d'illustration Crédits : Alena Butusava

Série Lanceurs

Qu’on les nomme lanceurs ou fusées, cette activité du CNES - qui contribue à garantir l’accès autonome à l’espace de la France et de l’Europe - est en constante évolution. Nous vous proposons de découvrir son actualité via une série d’articles. Vous y lirez tous les détails sur le nouveau lanceur Ariane 6 et sa base de lancement et vous familiariserez avec les innovations et ruptures technologiques qui nourriront les futurs programmes à l’horizon 2030.

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A lire, cnesmag n° 88

Pour prolonger la thématique , vous pouvez lire en ligne gratuitement le nouveau CNESMAG « RSE : le CNES s'engage ». Le CNES est conscient de la responsabilité que lui confère son statut d’établissement public et a à cœur d’affirmer sa responsabilité sociale d’entreprise afin que ses missions et activités spatiales se traduisent par des impacts positifs pour la planète, la société, les citoyens et les collaborateurs du CNES.